Bifurc n'est pas un poisson d'avril ni un "poisson soluble" dans les eaux amères de la modernité. La modernité ce n'est pas seulement le nucléaire, les capitalismes rouge, jaune ou étoilés US/EU, les trois églises monothéistes et autres belles choses du même tonneau, c'est aussi celle du mythe (faustien) qui, au nom du pragmatisme, du réalisme, de la science, d'une (pseudo) rationalité, nie ce qui fait notre essence: l'humanité. La modernité a pour l'homme le modèle de la machine et traite celui-ci en conséquence. D'autre part, les contestataires de l'ordre établi ne remettent pas en cause les fondements sur lesquels notre monde est bâti. Comme si les conquètes démocratiques et les Droits du citoyen légitimaient une fois pour toute le dogme cartésien d'un "homme possesseur et maître de la nature". Pourtant la "Nouvelle anthropologie" présentée par le Professeur Gilbert Durand, créateur du CRIC (Centre de Recherche sur l'Imaginaire et la Créativité) n'est plus déjà celle de la vieille Université.
Je ne sais pas ce qu'il en serait advenu du monde si les libertaires (Bakounine) l'avaient emporté sur les autoritaires (Marx) au XIX°s, mais il est sûr que le contre-exemple des Etats communistes porte une grande responsabilité dans le scepticisme ambiant. Hormis des intérêts égoïstes, sans perspective, pourquoi devrait-on bien alors se mobiliser? Au mieux trouve-t'on le "Mouvement pour la décroissance" et ses aspirations à une vie plus simple, mais est-ce bien suffisant quand c'est à une véritable "métanoïa", à un autre modèle de civilisation qu'il importe de s'atteler.
Gilbert Durand nous redonne l'espace mental imaginatif pour croire et pour se relancer. Il nous montre quelles autres relations peuvent exister entre les hommes et leur environnement et donne alors les raisons d'un monde viable et humainement souhaitable.[voir sur Bifurc à Catégorie Philosophie en quoi cela consiste].
Remettre en question les usages et croyances contemporains...oui! Mais...Pas facile. Sans doute il est bien de dénoncer les personnalisations des luttes particulières qui ne profitent pour le principal qu'aux batteurs d'estrades. Mais dénoncer, on n'arrête pas. C'est facile. Dénoncer le fascisme, le totalitarisme, le capitalisme, les églises, la technologie, le scientisme, la finance, le matérialisme, l'égoïsme, l'individualisme,.... ne fait pas avancer d'un iota le problème de la sortie de cette civilisation.
Peut-être est-ce trop demander à tous ces militants des bonnes causes un même référent principiel à leurs combats afin que chacun y trouve un sol commun. La synergie qui en résulterait permettrait de dépasser les raisons propres à chaque mouvement et ouvrirait la voie de l'avenir. Il suffirait que chacun fasse , dans les discours, les tracts, les journaux, référence aux autres mouvements amis qui luttent pour changer la vie.
La trop grande confiance dans la domestication de la nature par le progrès scientifique et technologique n'a donné en retour ni la paix, ni le bonheur aux hommes. Il ne reste que les prédateurs habituels et les vieilles lunes de gauche avec la droite pour croire ou faire croire à cette fable du progrès. A ce mythe infantile opposons le mythe d'Hermès beaucoup plus proche des aspirations profondes des hommes. (M. Eliard)
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