Tout n'est que révélation. Il ne devrait y avoir que révélation. Hors la révélation vient de l'Esprit. Il n'y a pas de connaissance de l'Esprit.
C'est le crépuscule bientôt. Mais maintenant les nuages sont encore clairs. Les sapins ne sont pas encore sombres car le lac les éclaire de transparence. Et tout est vert, d'un vert qui serait plus riche que tout un jeu d'orgue au Récit.
Il faut l'entendre assis, très proche de la terre, les bras bien clos, les yeux aussi. Faire semblant de dormir car il ne faut pas se promener comme un vainqueur et vouloir donner un nom aux choses, à toutes les choses. C'est elles qui te diront qui elles sont, si tu écoutes soumis comme un amant.
Car soudain pour toi, dans la paix sans trouble de cette forêt du nord, la terre est venue à toi, visible comme un ange qui serait femme peut-être. Et dans cette apparition, cettte solitude très verte et très peuplée. Oui l'ange aussi est vêtu de vert, c'est à dire de crépuscule, de silence, de vérité...Alors il y a en toi toute la douceur qui est présente en l'abandon à une étreinte qui triomphe de toi. Terre, Ange, Femme, tout cela en une seule chose que j'adore et qui est en cette forêt.
Le Crépuscule sur le lac. Mon annonciatiion.
La montagne...une ligne...Ecoute...il va se passer quelque chose, oui! L'attente est immense, l'air frissonne sous une bruine à peine visible, les maisons qui allongent au ras du sol leurs bois rouge et rustique, leurs toits de chaume, sont là, de l'autre coté du lac. Quelque chose commencera ce soir, quelque chose de promis, en quoi je crois... Ce soir, ah! Quand donc ce soir. Si c'était vraiment dans quelques heures ce serait jamais car il faudrait finir et puis recommencer. Sais-tu ce que c'est Attendre? Et sais-tu ce que c'est que Croire?
Le mystère de sainte Cène où tu seras introduit, où tout les êtres seront présents, oui, tu ne peux le dire qu'au futur. Car à chaque moment où tu lis ''en vérité'' comme maintenant ce qui est là devant toi, où tu écoutes l'Ange et la Terre, et la Femme, alors tu reçois Tout, Tout, dans sa pauvreté absolue. Mais dès que tu as lu et que tu as reçu, que tu veux posséder, donner un nom et retenir, expliquer et retrouver, ah! Il n'y a plus qu'un chiffre et ton jugement est prononcé.
Car à chaque instant tu es jugé et il te faut mourir. Alors tu meurs, lorsque ton existence décide et réalise, car alors c'est fini, ce qui fût n'est pas, tu voulus sans renoncer, renonce sans vouloir.
Non, tu es le pauvre, tu es l'homme, et lui est Dieu, et tu ne peux connaître Dieu, ni l'Ange, ni le Terre, ni la Femme. Il faut que tu sois rencontré, pris, saisi, qu'ils parlent, sinon tu es seul, et peut-être est-ce bien ainsi, et ce sera toujours ainsi, toujours, c'est à dire qu'il n'y aura pas d'éternité pour toi. Car tu es né dans un péché qui était un péché avant toi et toi tu as eu peur, très peur, et tu as crié, crié parce que la Terre était immense, crié parce que la Femme était trop belle, crié parce que l'Ange était invisible, et parce que Toi tu étais Adam, et qu'Adam voulais vivre.
Adam a érigé l'Amour, le lyrisme, la religion, car il a voulu vivre, c'est à dire qu'il a voulu être Dieu, et puis parler comme il voulait aux trois êtres. Interroger, hélas! Et lui seul se répondre. Ecouter, hélas! Se donner à soi-même un concert.
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