La naturalité, c'est simplement laisser faire la nature dans la nature (pas dans la société humaine bien entendu !). La définition scientifique et toute récente est la suivante :
Naturalité : "(...) concept qui synthétise l’expression en un lieu des propriétés écologiques intrinsèques de la Nature, sa biodiversité, son organisation, sa complexité et sa dynamique spontanée et autonome."
(extrait de : Vallauri D. 2007. Biodiversité, naturalité, humanité. Application à l'évaluation des forêts et de la qualité de la gestion. Rapport scientifique WWF, Marseille, 86 pages.)
La naturalité, en ce qui nous concerne, c'est, même si nous en sommes encore très loin, la fin d'une période du "tout gestion" où l'homme "jardinait" à outrance ses espaces naturels (y compris les parcs et réserves !) pour augmenter artificiellement la biodiversité. L'artiste et naturaliste Robert HAINARD l'a très bien senti dès les années 50 :
"Forestiers, mes frères, en admirant, d’un élan religieux, la forêt primitive, je n’offense pas votre travail, pas plus que celui des vigoureux bûcherons (…). Je souhaite que l’homme reste, ou redevienne, une créature parmi les autres, et non le tyran de la Création. Dans un monde entièrement utilisé et rationalisé, il n’y aurait plus de liberté ni de choix, donc plus d’amour. Plus que les pièces implacablement engrenées d’un mécanisme parfait. Quelle sottise de travailler à la « mise en valeur » intégrale du globe, et de gémir sur le recul des libertés !"
Robert Hainard
Quelques réflexions sur deux forêts vierges
Revue suisse La forêt, 1954.
Promouvoir davantage de naturalité, c'est donc la fin de l'homme qui se prend pour Dieu régnant sur la Nature et c'est une confiance qui est faite à la Nature pour gérer elle même ses espaces. Ceci sans en faire une loi absolue mais en appliquant cette idée partout où c'est possible. Il existe donc plusieurs degrés ou gradients de "naturalité", depuis le champ cultivé industriellement jusqu'à la forêt "sauvage" (ou primaire ou vierge...). Après des décennies de mise au pas, l'enjeu actuel est d'augmenter la quantité d'espaces où le degré de naturalité est aussi élevé que possible :
« Le but vers lequel tendre, c’est une civilisation où la technologie servira à épargner la nature et non pas à la détruire ; une civilisation qui se mesurera à la quantité de nature sauvage qu'elle laissera subsister. Dans quelques années, tout le monde le pensera et pensera l’avoir toujours pensé. »
Robert Hainard
P.P
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Illustration : gravure sur bois de Robert Hainard
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